Quelle heure est-il monsieur crocodile … Nord Ouest moins le quart, Madame GasCar
Exercice de style pour petit point de géopolitique autour du nombril malgache…
par Patrick Rakotomalala (Lalatiana Pitchboule) . Avril 2013
L’expression « voir midi à sa porte » traduite en « rechercher son propre intérêt avant toute autre considération», décrit aussi cette perception du temps que nous avions tous différente. Illumination : « Mais bien sûr … Quand l’astronome raisonne en milliards d’années, le géologue, lui, réfère sa pensée en millions d’années. L’historien et l’économiste comptent en décennies, le financier réfléchit (le mot est peut être fort) en années (d’amortissements), et le politique en mandature. L’entrepreneur accroché à son tableau de bord sur l’année fiscale (pfff, ne m’en parlez pas), quand le paysan conjugue en saison, le citoyen en mois … Et le pauvre en… jours.
La science politique serait là, en fait : accorder les perceptions du temps … faire accepter aux uns et autres les décalages entre leurs temps et rythmes respectifs … (on va quand même laisser tomber le cas du géologue et de l’astronome).
Dans le même sens, les échelles de temps ne sont bien évidemment pas les mêmes quand il s’agit de penser politiques économiques, politiques de développement, intégration régionale, géopolitique, géostratégie… etc … Et les lectures que l’on en a, restent souvent accrochées à des perceptions tronquées… parfois parce que les messages sont eux-mêmes souvent tronqués… Mais souvent aussi parce nous sommes incapables de changer de cadre de référence … Comme si habitués à lire une horloge, nous ne pouvions comprendre l’information donnée sur une montre digitale.
L’exercice de style me paraissait de fait intéressant : décrypter la conjoncture et l’environnement géopolitique actuels de cette interminable crise malgache en éclairant les horloges respectives des différents acteurs. Celles là caractérisent des stratégies de « coups », de petits pas, de négociations, de manipulations ou de jeux de dupes qu’il faut lire en enjeux à court, moyen, long ou très long terme. C’est là un truisme.
Le temps de la Chine n’est pas le temps de l’Afrique du Sud, le temps de la France n’est pas celui du Mozambique, celui des USA n’est pas celui de l’Inde, le temps des pétroliers n’est pas celui des consortiums financiers ni celui lobbys agricoles. La diplomatie, dans l’idéal, devrait refléter une prise en compte des enjeux respectifs des interlocuteurs et ne relever que d’un problème de « concordance des temps » …
La montre à l’envers des malgaches
Mais les malgaches, quelle heure regardent-ils ? Le temps malgache semble s’être arrêté dans un imparfait présent sans futur. Les crises politiques et l’échec – échec dont elles sont la cause mais aussi la résultante – de toutes les politiques économiques et politiques de développement menées jusque là ont ramené les populations à une telle précarisation qu’ils ont gommé les capacités de projection des individus et laissé le pays accroché à l’échéance ici d’une conférence ou là, désormais, d’une élection sur laquelle les gens n’ont de toutes façons pas d’illusions. A-t-on vu quelqu’un écrire 2014 ou 2015 ou 2016 ou 2017 en langue politique malgache ? On peut être, dans ce sens, interpellé d’entendre décliner le temps en « any aoriana any » pour signifier « plus tard » quand spatialement le « aoriana » définit ce qui est derrière nous. Approche non linéaire … Ici, aller vers le futur s’entend reculer … L’horloge des malgaches tournerait elle de fait à l’envers au regard de celles de ses voisins et des acteurs de la scène internationale ?
(à suivre …)
Chapitres à développer :
- L’horloge de l’Afrique du Sud
- Les cadrans des organisations régionales (SADC, EAC, COMESA, COI, …)
- La montre des Etats pétroliers du Canal de Mozambique
- La montre lip de la France
- Le chronographe américain
- Le réveil de la Chine et des Brics
- La rollex de la finance internationale

Mailoux2
12 avril 2013
Il y en a parmi les « politiques » qui se prennent pour le prophète Esaïe (5 : 8-9)
« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’éternel :
car [comme] les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées.
« Minoa ianao zanako, mistery io, hoy maopera », ralliez-vous à mon panache, dit le « politique », et le « bon » peuple ne sait plus à quel saint se vouer, il se raccroche à celui qui a le slogan le plus accrocheur, quitte à être pendu aux crochets du boucher (comme dirait l’autre) après les « élections-trompe-couillon »