Les malgaches ne sont ils plus que des pions dans le jeu de Zuma et de Sarkozy ?
Par Patrick Rakotomalala (Lalatiana Pitchboule)
01 Juin 2010 : Sommet de Nice. Le président Sarkozy déclare : « depuis le retrait à la présidentielle de Andry Rajoelina les positions de la France, la Sadc et l’Afrique du Sud se sont extrêmement rapprochées« . Jacob Zuma d’ajouter « Le président Sarkozy a certainement raison. On se rapproche d’une solution. on est confiant de voir le problème se résoudre rapidement «
La crise politique malgache est, on le répète, le reflet d’un affrontement d’intérêts exogènes : aux intérêts et à la géopolitique française, s’opposent les intérêts et la géopolitique d’un bloc africain et d’un pays en particulier : la république Sud Africaine. Au soutien formel de Zuma à Ravalomanana s’oppose le soutien à peine moins formel de la France à la HAT TGV. « … les positions de la SADC et de la France sont PRESQUE en harmonie » disent ils. Le point d’achoppement restant probablement, quant à la résolution du conflit malgache, la question du retour de Ravalomanana et de sa participation à un processus électoral qu’il aurait peut être encore des chances d’emporter.
Et, bien qu’il soit irritant de l’imaginer, la résolution de la crise passera par l’aval conjoint de Paris et de Pretoria, sponsors respectifs de TGV et de Ravalomanana. Celui qui se fera lâcher par son sponsor n’aura plus voix au chapitre. On peut aisément imaginer que ce lâchage se fera sur la base d’une négociation entre les deux puissances. Elles se mettront d’accord sur le dos des protagonistes … on peut tout aussi aisément l’imaginer.
En prenant en compte cette hypothèse, on peut élaborer quelques modestes conjectures.
1. Au premier chef, la vision d’une Communauté africaine ou d’un ensemble économique et politique SADC-COMESA établi sur le modèle de la Communauté Européenne, qui conférerait à la région une puissance au rang des plus grandes, définit probablement l’ambition de l’Afrique du Sud : Zuma rêve faire de la RSA le moteur d’une Union Economique et Politique Régionale comme l’ont été l’Allemagne ou la France pour l’Europe. Dans ce sens, le panafricanisme convaincu de Ravalomanana et son idée de l’intégration de Madagascar dans cet ensemble régional, justifie à lui seul le soutien que Zuma lui apporte, au regard de l’irrespect de Rajoelina des institutions africaines et de son alignement sur les intérêts de la France. Ici, le conflit est plus idéologique qu’on ne l’a imaginé : alignement panafricain et régional contre alignement francophile.
2, L’Afrique veut montrer qu’elle peut changer et qu’elle peut mettre fin aux sempiternels cycles de coups d’Etat. Le conflit malgache devient un enjeu symbolique quand la prévention des changements de régime veut passer par un message aux candidats putschistes : NO PASARAN ! Ravalomanana, qui a été taxé d’hypocrisie à ce sujet, n’est ni le propriétaire ni l’inventeur de cette théorie. Et il ne sert à rien de ressasser 2002, la configuration géopolitique n’etant pas la même. Dans ce sens, les africains se sont aujourd’hui bien trop engagés jusque là pour pouvoir désormais se rétracter. Ils refuseront ainsi jusqu’au bout d’accorder la moindre légitimité aux putschistes. Rajoelina commet une erreur fondamentale en espérant que les africains reviennent sur leur position, d’autant que, d’une part, son absence de légitimité sociale les conforte dans cette voie et que, d’autre part, son fiasco à l’ONU a affirmé leur poids. Et il en commet une autre sur l’avenir (une de plus) en prétendant se moquer de l’intégration régionale.
3. L’Afrique du Sud avec sa place nouvellement acquise au G20 est désormais un acteur majeur avec lequel Sarkozy, qui présidera le dit G20 en 2011, doit désormais négocier dans le jeu d’alliances et de tractations qui se tiennent au sein de l’organisation, et dans l’ambition sarkozienne d’une réforme de la gouvernance mondiale. L’envergure économique de la nation arc en ciel en fait bien évidemment un partenaire à ménager avec précaution. Il était ainsi impossible de risquer le courroux de la RSA en invitant le TGV à Nice, ceci caractérisant le poids de Zuma dans le jeu Africain.
4. Les ambitions Onusiennes de l ‘Afrique du Sud, à l’aune des négociations actuelles pour la réforme du Conseil de sécurité et de la représentation de l’Afrique au sein de l’organisation – élargissement du Conseil à au moins un membre permanent avec droit de veto, membre issu du continent africain – caractérisent un autre élément du jeu diplomatique actuel. Le soutien que laisse miroiter Sarkozy quant à cette ouverture du Conseil de Sécurité à l’Afrique s’avère être probablement un élément essentiel des rapports entre Paris et Pretoria.
5. La France a-t-elle intérêt à la montée en puissance d’un groupe panafricain dans la région ? Oui, probablement, sur le plan économique et sur le plan de la stabilité politique, enjeu fondamental qui a largement eu sa place lors du sommet de Nice. Non probablement, sur le plan géopolitique : le jeu traditionnel du clientélisme français et des alliances est tout de même plus facile à jouer face à des états isolés, que face à un front uni et solidaire. Le discours de Sarkozy de Nice serait schizophrène : « faut que je m’appuie sur l’Afrique pour le G20, je vais donc leur promettre des choses quant à l’ONU ; mais en même temps ça m’enquiquinerait qu’ils s’entendent trop bien ».
6. Le sujet des intérêts de la métropole à sauvegarder a Madagascar, celui de la zone d’influence économique et stratégique à préserver, et celui de la défense des groupes d’influence ou des entrepreneurs francophones et francophiles – locaux comme extérieurs – lésés par Ravalomanana et en exécration de ce dernier qui refusent absolument l’idée de son retour, ont été largement débattus (cf articles « les enjeux de la France »). La détestation du personnage et le conflit historique que Paris a développé vis-à-vis de Ravalomanana, s’y rajoutant, la France ne manque pas de raisons pour réfuter l’idée d’un retour de l’ancien dirigeant au pouvoir. Mais au-delà de l’erreur d’analyse qui n’a pas pris suffisamment en compte le rejet du TGV, Paris devra bien un jour revenir sur sa position pour considérer des enjeux plus essentiels. Les éléments d’une négociation Ravalomanana/Diplomatie française peuvent êtres posés sur la table. Pourquoi ce blocage ? La Real Politik aurait dû reprendre ses droits. Et si on accepte l’idée que le pouvoir fantoche de Rajoelina n’a probablement plus aucune crédibilité aux yeux de la France, en particulier au vu de son assise sociale quasiment inexistante, pourquoi le soutenir ?
7. Jusqu’où la situation peut elle rester bloquée à Madagascar ? Le TGV peut jouer le pourrissement de la situation. Au fil de l’eau des ralliements et des reconnaissances, des alliances tactiques de circonstance, il peut penser aller petit à petit vers une « normalisation » technique et une reconnaissance de facto : le peuple malgache a survécu, survit et survivra encore. Sa capacité d’adaptation et sa capacité de conservation sont parmi ses grandes qualités. Elles caracérisent aussi son plus grand défaut. Que cela prenne encore 6 mois, un an, ou deux ans ou 5 ans de transition HAT, tant qu’on arrivera, à coups de sparadraps économiques, à éviter l’explosion sociale et tant que, de reports en reniements et pseudo médiations diplomatiques, on arrivera à endormir la communauté internationale (l’Iran et Israel font ça très bien aussi), on peut cyniquement s’en contenter… Et ce, quel que soit le prix à payer par la nation malgache. La question est combien de temps l’explosion sociale pourra t elle être contenue. Les acteurs qui (mé)jouent cette carte du pourrissement , prennent là une option bien dangereuse.
8. Les enjeux de développement et les intérêts du peuple malgache ? On en fait dans cette lecture bien peu de cas. Parce que la sortie de crise se réalisera quand les grandes puissances seront assurées de la satisfaction de leurs enjeux et d’une réponse adéquate à leurs visions stratégiques respectives. La RSA veut un accord qui préserve sa vision panafricaine. La France veut un accord qui préserve les intérêts de ses entrepreneurs. La personnalité des dirigeants de fait ou déchus importe peu, quelque part. Ils ne sont que le jouet de ces rivalités exogènes. Ravalomanana n’est peut être plus que le jouet de Zuma, quand il se croit son partenaire. Mais incapable de négocier directement avec Paris, il est enfermé dans une logique qui ne lui appartient probablement plus. Le TGV quant à lui ne gardera plus longtemps les faveurs d’une diplomatie française lassée de ses divagations et prête à le lâcher dès que la situation, les opportunités et les tractations nécessaires l’exigeront.
9. Les tensions et les rancoeurs sont tellement exacerbées localement, qu’une inquiétude majeure s’est imposée : l’installation dans la durée des conflits quels que soit le compromis adopté. Un retour de Ravalomanana laisse craindre des règlements de compte. Le compromis ne suffira plus. Il est indispensable qu’une véritable réconciliation nationale se fasse pour dépasser les erreurs et dérives des ces dernières années, afin que le pays ne reste pas le pion sacrifié de ce jeu d’échecs géopolitique et de cette internationalisation de la crise malgache.
10. Les autres acteurs, jouent leur propre jeu. L’Europe, dont la position est relayée par l’activisme de l’opposition de la Diaspora malgache, affirme son intransigeance en s’accrochant au sacro-saint principe de constitutionnalité, s’appuyant en cela sur les accords de Cotonou. Mais au-delà des principes affirmés sur la récente confirmation des sanctions de l’UE, il importe aux acteurs européens de ne pas laisser la France imposer sa vision de la situation et sa main mise sur la région Océan Indien. Mais au bout du compte, ces oppositions formelles de points de vue, ne sont qu’arguments de tractations diplomatiques dans les jeux de pouvoir entre européens. Ainsi va la géopolitique. Les relations privilégiées de Ravalomanana avec les dirigeants de l’Europe du Nord et des USA font le reste.
11. La Chine, plus pragmatique elle, s’en moque. Quel que soit le régime en place, sa puissance économique et financière lui permettra de s’accommoder de n’importe quel pouvoir. Il est probable qu’elle ait d’ailleurs joué toutes les cartes, et alimenté jusque là tous les râteliers. Ravalomanana ou TGV ??? Ils prendront de toutes façons ses sous (Soalala, dont se gargarise le pouvoir TGV, était un dossier initialisé sous Ravalomanana). Ses intérêts géopolitiques et géostratégiques ne seront que le reflet de ses prises de position économiques.
12. Quant à la grande Amérique, elle compte les coups. Si ils ont accordé un temps leur faveur à Ravalomanana l’anglophone anglophile, les Etats-Unis, à la base attachés au principe de démocratie qui faisait de l’AGOA l’outil de leur influence stratégique et politique, ont probablement mieux à faire quant à la préservation de leurs intérêts, pétroliers en particulier, sur le golfe de Guinée, en Angola et au Nigéria. Trop contente de contrer la France, l’Amérique s’alignera probablement provisoirement sur la stratégie de son allié traditionnel et de son partenaire économique majeur : l’Afrique du Sud.
Dans cette partie d’échecs à l’échelle mondiale, le pays et le peuple malgache importent peu. C’est rageant à imaginer, mais il en est ainsi. Et la situation perdurera au gré des tractations entre les grands, qui ne seront pas plus empressés que cela à la résolution de la crise, si celle-ci leur permet de servir leurs propres stratégies. Ravalomanana et Rajoelina ne sont probablement plus que des pions dans cette situation. Seules des initiatives fortes de la part de tous les acteurs malgaches, pour aller véritablement vers une réconciliation nationale et bâtir enfin une sortie de crise malgacho-malgache, peut permettre au pays de reprendre sa place, au lieu d’être le jouet des grands de ce monde. Au-delà des enjeux de pouvoir, de la sauvegarde des ego, et même des enjeux économiques et sociaux immédiats, il en va de la situation future de notre pays dans le concert des nations … En ont-ils seulement conscience ? Il suffit, là …
Quant à moi, ce ne sont là encore qu’hypothèses et conjectures …
Bien à vous tous …
Patrick Rakotomalala (Lalatiana Pitchboule)


Solofo
9 juin 2010
CQFD mon ami!
Le seul problème (façon de parler car il est loin d’être unique) que je vois dans cet espoir de sortie de crise, vient de son contenu: la fameuse « réconciliation nationale ».
Mais de quelle réconcialiation s’agit elle?
Un coup d’éponge sur tous les actes criminels, de vols de biens d’autrui (peut on oublier et se réconcilier avec des gens comme Alain Ramaroson?), de tueries, d’actes de forfaitures de certains hauts responsables de l’état et des hauts gradés de l’armée?
Une réconciliation ne peut s’opérer que s’il y a reconnaissance de fautes voire repentance par celui et ceux qui ont passé outre la Loi; et ce pour que l’autre partie, celle qui a subi ces actes, puisse pardonner.
Je ne vois pas ceux qui ont fait ce putch et encore moins tous les groupuscules de soutien (SeFaFi inclus) faire amende honorable pour que pages soient tournées.
Tu as des hypothèses et conjectures, moi je ne crois pas à ce concept bateau « réconciliation nationale »
Solofo
pitchboule
10 juin 2010
Hello camarade …
Pas d’accord avec toi …
Réconciliation et même amnistie ne veut pas dire « On efface tout et on oublie et on fait comme si rien ne s’était passé »… nan nan nan … Il y a un travail de justice et de vérité à effectuer … Si tous ces rigolos ne reconnaissent pas publiquement leurs torts et leurs dérives, on n’aura rien résolu … C’est d’un processus long terme et de structures à mettre en place qu’il s’agit … Et pas d’une grand messe où on dansera tous ensemble un afindrafindrao en croyant tout effacer avec en prime 3 prières au seigneur …
Citoyenne malgache
11 juin 2010
En terme d’amnistie, le plus dur c’est de faire la part entre ce qui est politique et ce qui relève du droit civil.
Si on envisage par exemple de prétendre que le 7 février est une faute partagée entre ceux qui ont provoqué l’assaut et ceux qui auraient tiré, qu’en est-il du 26 janvier ?
Si en théorie, on pourrait faire la différence, dans la pratique on verra toujours des Voninahitsy se réclamer être des prisonniers politiques pour avoir fait des chèques sans provisions. Ou… on trouvera toujours des chèques sans provisions pour emprisonner les Voninahitsy…
Citoyenne malgache
11 juin 2010
Et au fait, je ne suis même pas tes liens amis 😦
Ou devrais-je me réjouir de ne pas être dans tes liens pas amis ? … tsssss….
pitchboule
14 juin 2010
pffff ….
Qu’est ce que tu me dis là … T’étais déjà dans mes liens …
Du coup tu y es deux fois …. C’est malin … Moi qui culpabilisais …
poiuyt
10 juin 2010
Grand Chapeau à Lalatiana ! Ma remarque à Vous observateurs politiques, ce serait de prêter un excés d’ intelligence à ce joel ; c’est juste un « premier » politicien, sans culture, sans humanité, mais burné ; amoureux de raccourcis pour s’enrichir, au détriment de la Nation, un assassin en puissance. Le joel n’est qu’un acteur, un éxécutant ; Quand il lui arrive de prendre des initiatives, son patron s’en mord les doigts dans le vestibule.
racynt
10 juin 2010
Merci et bravo Lalatiana pour cette excellente et pertinente analyse des enjeux géopolitique de la crise malgache. Donc en résumé je dirais que la France est officieusement mais pas officiellement seule contre l’UA, l’UE et les USA. Cela prouve le niveau de détermination de renimalala à défendre ses intérêts à Madagascar. Plus que jamais comme vous dites , les malagasy aujourd’hui devraient se réconcilier car l’union fait la force, dommage que certains malgaches n’ont toujours pas compris cela. Tous le monde profite de nos conflits entre malgache pour tirer leur épingle du jeu et les malgaches au lieu de se réconcilier , se réconforte dans l’esprit de vengeance et la zizanie.
Maintenant je me demande si il est possible de faire une réconciliation sans pour autant que Ra8 revienne tout de suite pour se présenter en tant que candidat vu les rancoeurs de certains envers lui . Mais d’un autre côté aussi, je me dis qu’on ne peut pas faire deux poids deux mesures en empêchant Ra8 de revenir alors que TGV et sa clique mériteraient encore plus que lui de lourdes sanctions. Enfin tout ceci est assez compliqué mais je crois que c’est peut être dans ce processus à long terme que tu parles qu’on trouvera la solution.
bonne journée!
poiuyt
11 juin 2010
–
Non, le joel n’est pas un officier, c’est un soldat, que les observateurs ne lui prêtent pas une intelligence qu’il ne saurait leur rendre. Le soldat joel Rayan a rempli sa mission, il ressemble à une guêpe qui a donné son dard, et attend son opération d’évacuation sanitaire. Reconnaissant intimement de son impopularité irréversible, son patron le « remercie » en l’excluant définitivement de la suite des opérations relatives à l’entretien du kudéta toujours en cours. C’est ainsi qu’il faudrait comprendre le déraillement provoqué (et confirmé par COI) du tgv pour la course légale vers la pri-mature.
Les imposteurs ont réussi à interdire de force toute réunion de peuple, en ne s’excluant pas plusieurs meurtres et assassinats à fins d’intimidation. Par leur volonté d’éviter toute manifestation populaire, même de celles qui normalement devraient leur servir à montrer au monde leur légitimité, un raisonnement par l’absurde amène à conclure qu’ils sont conscients de leur impopularité, si tant est que la démission imposée au petit joel n’aurait pas suffit encore ; et par là, ils sont conscients de leur imposture ! Provoquer eux-mêmes une manif de leur supporters devenus rares, pourrait engendrer les circonstances d’une action spontanée anti-hat dont la taille submerge-rait toute main d’œuvre journalière. La prochaine date de la fête de l’indépendance les met devant l’obligation de subir un éventuel élan populaire. La vraie question n’est pas de savoir vers quel sens ira la vague muette, mais si elle s’osera enfin. L’annonce, prématurée à des fins terrorisantes, a d’ors et déjà été faite que toutes les places publiques seront truffées de forces de répression. Il fallait entendre : « Restez chez vous, ou gare. » Ce jour-là, le hat aura au moins une denrée légitime : la crainte ! à en juger aujourd’hui par le froid de la population à acquérir un drapeau déteint par les hontes et déchéances subies par ce symbole national, symbole vilipendé partout sur la planète, grâce à son pseudo-gouvernement ; population froide par la paupérisation progressive. Le nombre de ces « torchons » sera amplifié sans état d’âmes à l’intention des yeux de la Communauté Internationale pour montrer un soi-disant signe de sympathie populaire. Les épisodes de ce jour-là seront un avant goût de ce que sera l’organisation falsifiée des élections, mais surtout des manœuvres d’intimidation pour les mimes de décomptes par la force.
Diluer volontairement irréversiblement le maintso-fotsy-mena (vert-blanc-rouge) dans une lessive bleu-blanc-rouge acide, il faut le faire ! Hé bien, ils le tentent tous les jours sans répit, malgré de multes batailles perdues, preuves répétées que leur but est ignoble, inhumain, tellement que les grands humanistes du monde, mais spécialement du bâtiment même dans lequel habite la France (l’UE), se refusent à l’idée de favoriser la survie d’un tel état, et d’abonder d’une seule voix à décourager sa procréation nulle part ailleurs sur terre. Madame Naika a hier, du haut de la tribune ONU, qualifié le gouvernement de « illégal et illégitime ».
Les putschistes faisant, que gagne l’africain ? ou plutôt : Que perd la Nation Malgache ? Beaucoup de biens matériels manquent désormais, et encore de + en +. Madagascar perd ses essentielles virtualités existentielles : son âme, sa fierté, sa personnalité, sa respectabilité dans la négritude, ses valeurs de respect et de religions. Tout cela sera annihilé si d’aventure, l’entreprise du patron geôlien (joelien) aboutit. Le joel a transformé effectivement le pays en une geôle dont il est le geôlier ; les prisonniers se font régulièrement sucrer de millions de dolards d’orange. (L’orange est parait-il ce qu’on amenait aux prisonniers lors d’une visite !)
Par ces temps noirs de plomb, il est réconfortant de constater qu’un pays africain , la RSA, en impose aujourd’hui au patron de joel : il est donc possible d’être égal. Cette évolution-là, qui peut être nôtre, joel veut l’enterrer définitivement, au nom ( parait-il ! ), des malgaches. Un jour Madagascar organisera lui aussi la Coupe du Monde, mais il ne faut même pas y penser si joel perdure. Rapporté à 20 millions d’âmes, le méfait de joel est plusieurs fois criminel ! Il faudra s’en souvenir.
De quel droit ce pays s’impose-t-il à Madagascar ? Du droit du colonialiste du 21è siècle en perte de vitesse chez soi, et qui a retrouvé dans un bled à se faire un roitelet corvéable, prêt à livrer des esclaves. Du droit des nazis qui a trouvé un Pétain et un Laval en France. Honte à celui qui transmet la patate chaude à son prochain.
Il semble que si la France vit son marasme existentiel aujourd’hui ( économique et sportif surtout ), ce n’est pas à cause de Madagascar ! Alors de quel droit ? ou plutôt pourquoi ? pour des milliards d’euros étalés sur des décennies. Ressaisis-toi mon frère !
Que Lalatiana Pitchbull, Sammy Rasolo et Ndimby de MT, ainsi que d’autres, soient remerciés pour leur cons-tance dans cette lutte pour la légitimité politique, condition d’une paix durable, pour la dignité de la nation, et pour la souveraineté de Madagascar.
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pitchboule
11 juin 2010
Ouffff …
Merci à vous poiuyt de nous donner cette vision … Et ne me remerciez pas … Je ne sais même pas si ce que j’avance a une quelconque réalité …
Mais l’essentiel et de dire, de provoquer le débat … Et de fait, vous en êtes aussi.
Bien à vous
poiuyt
11 juin 2010
Courage, frère.
Quand des gens avancent régulièrement que la « chère mère » est étrangère aux malheurs de Madagascar, on arrive à se demander si nous vivons bien sur la même planète, et si nous voyons bien le même film. Le lendemain du jour où cette France ôtera ses pattes, le joel lèvera son pouce immédiatement. Il n’y a que le soutien éhonté de la France qui permette aux putschistes de bouder le pouvoir. Comment aller penser que le joel papa irait risquer sa peau sans un filet de sécurité ? D’un côté, c’est plus digne pour un pays que de jouer les vautours à attendre la disponibilité des dépouilles. Dans le meilleur des cas, il y avait non-assistance. Vu ainsi, la chère mère est encore et toujours passible.
En fait, la chère mère est bien étrangère (tout court), sinon il y a de l’inceste quelque part !
Il faudra que ce pays paye aux malgaches le manque à gagner de centaines de millions de dollars que Madagascar a paumé grâce à son joel, jusqu’au dernier cents.
Natacha
22 juin 2010
Hello Patrick,
Voilà j’ai pris le temps, cette fois-ci de lire ton article et les commentaires aussi d’ailleurs.
Je pense que le résumé est dans ce que tu dis sur ces deux points :
– Les enjeux de développement et les intérêts du peuple malgache ? On en fait dans cette lecture bien peu de cas.
– Il est indispensable qu’une véritable réconciliation nationale se fasse pour dépasser les erreurs et dérives des ces dernières années, afin que le pays ne reste pas le pion sacrifié de ce jeu d’échecs géopolitique et de cette internationalisation de la crise malgache.
Concrètement quelles sont les actions qui peuvent être mises en place et par qui ? Si vous (Malgaches) restez trop dans les échanges purement intellectuels et à Paris, vous risquez de lasser ceux qui souffrent sur le terrain.
C’est peut-être inapproprié ce que je vais te dire, mais il me semble que ce pays ne pourra sortir de la crise que par le développement économique. Le travail avec les réalisations visibles qu’il génère restent encore l’archétype le plus sûr. D’abord parce que l’action « désangoisse » et ensuite parce qu’elle apporte de l’affirmation de soi … dont ce peuple aurait bien besoin.
Je trouve que c’est bien ce que tu fais pour empêcher l’oubli, le déni, la résignation. Il faudrait en plus trouver des alliés locaux pour transformer les idées en actions responsabilisantes.
Et voici la citation de Teilhard de Chardin – Phénomène humain : « Un courant héréditaire et collectif de réflexion se propage : l’avénement de l’Humanité (de Madagascar) à travers les Hommes. »
Bises
Natacha
Holim
23 juin 2010
Dans l’incapacité de suivre comme elle le mérite toute analyse politique concernant Mada, je vous suis, Natacha.
Cher PB,
Je crois que tous les Malgaches ne vivent pas dans la même galaxie comme s’en interroge un commentateur plus haut.
En parcourant l’histoire, je vois toutefois que :
– la population a la mémoire courte, quelles que soient les blessures et leur provenance. Ne parlons pas de « repentance », ça c’est un mot d' »Occidenté ». Ce qui est fait est fait. Ainsi raisonne la majorité à Mada.
– Non citadine, cette majorité préfère survivre au jour le jour et continuer ses rituels (voir tout ce qui se prépare, endroit par endroit, pour fêter l’indépendance). Comment lui en faire le reproche ? Contrairement à la diaspora, sauf nous les vieux de l’époque Tsiranana et autres, elle n’a pas connu d’autre situation.
– les « coups de sparadraps économiques », tout le monde s’y fait, en ville comme à la campagne. Synonyme éculé : « opération tip top » pour l’infrastructure routière.
– le problème c’est nous : notre cloisonnement (ville/campagne, riches/pauvres au quotidien…, Noirs et moins Noirs dans l’africanité mal ingérée…, tous complexes de supériorité/infériorité confondus, notre absence de réflexivité, l’imperméabilité aux leçons du passé, l’immobilisme… et j’en passe, autant de valeurs inculquées.
– Mon ami insulaire JJR écrivait en 1935 en parlant des « Imprimés /Gazety » que nous sommes, vus de l’île : « – J’ai passé devant la douane / où j’ai aperçu d’autres paquets ficelés / pareils à d’innombrables cordons d’ombilic qui seraient mal coupés / et où se déroulerait encore la respiration originelle -, je vois que tout se ressemble partout / puisque le même ciel est toujours le toit du monde, / que les vents en ferment toujours les murailles invisibles et qu’un désir d’herbes jaillit partout sous le pas / comme les pensées et les méditaions, / ou la hâte et la négligence / qui ont fait de vous ces feuilles peintes et volantes / venues à moi de toute la terre ».
À qui nous adressons-nous au juste ?
Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire ni ne rien écrire (d’autant que JJR lui s’est suicidé de ses désirs d’utopie), je dis que le travail est de longue haleine.
Ce travail devrait commencer par le commencement : débusquer ceux et celles qui sur le terrain pourraient initier cet élan qui manque pour commencer vraiment autre chose, chaque nom cité ici étant porteur de polémique.
C’est dire qu’on est parti pour plus de cinq ans comme tu le prévois, PB, avant que le bon élève, taiseux et compétent, se lève du fond de la classe…
Bon 26 juin à tous. À Nantes, ils creusent les sources des malentendus… si le coeur vous en dit. Peut-être y verrez-vous plus clair à l’issue de cette vaste orgie sentimentalo-diasporique.
Bises à toi, PB.