Réflexions sur les élections malgaches de 2013 : des messies pour des lanternes ?
Par Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule)
Nonobstant les contraintes techniques, logistiques, administratives et financières qui vont conditionner la réalisation ou non, à la date prévue, des élections malgaches de 2013, peut-on véritablement espérer quelque chose de ces scrutins qui, s’ils ont lieu, sont sensés caractériser la fin de la transition?
Cette fin de transition risque pourtant de n’être qu’un énoncé sémantique. Evoluer vers un régime légitimé par des élections – avec à la clé l’apaisement politique – devrait, parait-il, permettre au pays de rentrer dans un processus vertueux de sortie de crise. On pourrait rêver en voir découler la solution susceptible de résoudre d’un coup de bulletin tous les problèmes politiques, de gommer toutes les tensions et rivalités, de lisser toutes les inconséquences et incompétences, de laver le pays de toute la corruption, de résoudre les vices de l’armée et le délitement des institutions et de relancer la machine à progrès…. Pensée magique.
On n’a là pourtant qu’un emplâtre sur une jambe de bois, sans aucun autre agenda pour tracer la dite sortie de crise. Ces élections, on le sait, veulent avant tout satisfaire la communauté internationale en lui permettant de tourner provisoirement la page : « Il sera bien temps de revenir réfléchir à la prochaine crise »… La C.I n’est pas dupe mais elle est prête à faire semblant. Show must go on ! On aura donné à l’étranger les gages indispensables à la reprise momentanée de l’aide internationale dont l’économie exsangue du pays ne peut aujourd’hui se passer. Et les choses reprendront leur cours.
Certains pourtant croient à l’émergence d’une nouvelle élite politique à travers ces futurs scrutins. Au nombre de ceux-là, rêvant d’un renouveau démocratique qui ne ferait plus référence à un leader « messianique», les tenants du NI-NI espèrent sincèrement tourner ici la page HAT, la page Marc Ravalomanana et la page des prédécesseurs de ce dernier.
Mais peut-on être sûr que le sire à la Très Grande Vacuité renoncera à l’investiture suprême. Peut-on véritablement espérer que la clique au pouvoir, aussi peu soucieuse de l’intérêt du pays et de la démocratie que jalouse de ses avantages acquis, n’est pas en train d’assurer le maillage le plus solide pour conforter sa prise de pouvoir de 2009. Dans ce sens, le NI-NI ne se sera-t-il pas transformé en OUI-OUI ?
«Je n’organise pas les élections pour les perdre » déclarait Pascal Lissouba, ancien président congolais. On peut largement craindre que ce soit l’état d’esprit de ceux qui, au pouvoir actuellement, prétendent souhaiter et organiser cette consultation. Au lieu d’être cette expression finale d’un Etat de droit, ces scrutins risquent de n’être qu’un outil au service d’un Etat de non droit.
L’opinion publique ne s’y trompera pourtant pas. Et les choses ne font là que se répéter. L’histoire moderne de Madagascar a vu une succession de hold-up établis au détriment de la voix populaire. Que les détenteurs successifs du pouvoir n’aient pas voulu reconnaitre ces hold-up successifs dont ils ont été les auteurs (en a-t-on vu un seul qui ait été capable de dire un jour «je me suis trompé» ?) est la cause essentielle des fractures actuelles que vit le pays.
Fractures dit on … Ici pourtant, la reconnaissance et l’acceptation de l’altérité est essentielle à la construction d’une histoire commune et à l’adhésion à un projet collectif. Dans la « guerre civile » entre les deux factions « anti-Ra8-pro-TGV» et «pro-Ra8-anti-TGV» focalisées sur la question du retour de « l’ancien », prétendre que le parti des pro-ra8 n’existe pas, parce qu’il est impossible que des gens autrement qu’abrutis puissent encore avoir foi dans l’ancien dirigeant au regard de ses dérives, est une aberration intellectuelle. A l’inverse, énoncer que les pro-TGVs ne peuvent avoir de réalité au vu de ce qui a été détruit, est aussi une autre aberration intellectuelle. Hold-up des uns et des autres qui s’approprient de manière égocentrée et autiste la légitimité populaire. Et les NINIstes devraient eux aussi se garder de nier l’existence de ces deux groupes.
Des élections libres et honnêtes qui auraient mesuré la réalité des rapports entre toutes les parties auraient « peut-être » pu faire avancer la construction de cette indispensable histoire commune et son adoption. Ne pas tout faire pour que désormais TOUTES les sensibilités puissent faire entendre leur voix, c’est repousser encore une fois aux calendes malgaches l’établissement de cette vision commune.
Au-delà de ces principes généraux maintes et maintes fois rabâchés, le problème est ici crucial parce que la crise que vit Madagascar n’est pas qu’une crise cyclique. Elle s’inscrit dans une spirale mortifère qui rend chaque crise plus violente, plus longue et plus destructrice que la précédente. L’empilement des frustrations populaires et politiques d’un régime à l’autre, la défiance de plus en plus installée vis-à-vis de l’Etat, aggravés par la descente aux enfers de l’économie, fabriquent une machine infernale à la dangerosité extrême.
Cette défiance est d’autant plus forte que l’impunité et l’arrogance des gens successivement au pouvoir ont établi des bases délétères et effacé les références indispensables à l’assise de la légitimité d’Etat: « à quelles règles veut-on qu’on obéisse, quand à la tête de l’Etat, avec le plus grand cynisme, il en est qui violent allègrement la loi et la morale, et perdurent… et reviennent ». Le délitement de l’Etat n’est pas à chercher ailleurs.
De fait, la logique de toutes les opposition depuis 1991 est : « Les gugusses au pouvoir, ils sont encore plus retors qu’avant, forgés par des années de magouilles, de tripatouillages électoraux et de combines politiciennes … les gugusses au pouvoir sont de plus en plus installés de manière indéboulonnable … les gugusses au pouvoir on ne peut les déboulonner qu’à travers l’action de rue violente.»
La main-mise autocratique de Ratsiraka sur le pouvoir a allumé le 1er étage de cette fusée malgache à destination de nulle part. Des processus électoraux biaisés forgeant la conviction qu’avait l’opposition de l’époque que rien ne pourrait lui garantir une alternance du pouvoir de manière démocratique, ont poussé Ravalomanana à l’auto-proclamation au 1er tour de 2002 … 1 an de crise. Qu’a-t-on capitalisé ?
Les opposants de Ravalomanana se sont forgés la même conviction de manière encore plus forte – normal, ils avaient encore en tête l’expérience précédente – que la voie des urnes ne pouvait pas leur assurer le changement. Cette idée les a poussés à mener ce calamiteux coup d’Etat de 2009. Leur argument était encore « de toutes façons, on n’aurait jamais pu chasser Ra8 ; il nous aurait volé notre voix »… 4 ans de crise.
Et là, on espèrerait que la future opposition aux prochains « vainqueurs » de 2013 s’avèrerait, d’un coup de baguette magique (en bois de rose), responsable et respectueuse du jeu démocratique. En vertu de quel miracle pourrait-elle être convaincue de la légitimité d’une victoire de ses adversaires quand elle ne l’a jamais été depuis 40 ans ? Elle aura beau jeu de se réfugier derrière l’argument d’un processus électoral entaché par l’exclusion forcée de l’un ou de plusieurs des protagonistes… On appelle ça bâtir sur du sable.
Qu’espèrent-ils donc ceux-là qui poussent la voiture de sa majesté à la Très Grande Vacuiité? Que la situation pourrisse doucement ? Que les zanak’idada oublient et fassent un jour une croix sur le retour de leur champion ? Faut pas rêver … C’est mal connaître les malgaches et leur résistance à la résilience …
Si sa majesté à la Très Grande Vacuité confirme, comme on peut le craindre, sa candidature aux élections de 2013, les partisans de Marc Ravalomanana n’accepteront jamais au grand jamais l’éviction de leur champion, qu’ils jugent seul capable de contrecarrer immédiatement l’ambition du PHAT. Dans le cas de ce passage en force du PHAT, quelle que soit aujourd’hui l’audience réelle de Ravalomanana, le refus fait à ses partisans de pouvoir voter pour lui, aura de toutes façons, et dans le meilleur des cas, une calamiteuse conséquence : amplifier la défiance qu’ont les malgaches dans les institutions. Mais imposer aux victimes de toutes les crises le risque de voir les auteurs de tous ces crimes laisser dans l’ombre et l’oubli tout ce qu’ils leur ont fait subir aura la même conséquence tout aussi calamiteuse. Et rejettera aux extrêmes les plus épris de justice.
Dans l’hypothèse d’un retour de Ra8, la partie se jouera entre les deux adversaires absolus avec toutes les dérives potentielles que la déliquescence actuelle de l’Etat risque de transformer en un affrontement mortel. On aura, au mieux en termes de résultat, le rejet aux extrêmes des NInistes et des perdants. Même calamiteuse conséquence là encore.
On peut toujours rêver d’un retrait « spontané » de Andry Rajoelina, retrait qui calmerait le jeu et permettrait un repli de son antagoniste. Le corollaire en serait peut-être la mise en place d’un processus apaisé favorable aux NINIstes qui n’auraient « plus qu’à » faire la preuve de la légitimité et de l’efficience de leur option… On peut toujours rêver.
La prise du pouvoir, on le voit bien là, ne devrait pas être l’enjeu premier de ces futures élections. L’enjeu véritable devrait être de bâtir et valider un premier processus effectivement démocratique, soucieux de faire parler sincèrement et de manière apaisée toutes les sensibilités. Bien au contraire, au moment où il est essentiel que tous les citoyens assument pleinement leur appartenance à une nation malgache, c’est encore une fois un énorme bras d’honneur qu’on se prépare à leur faire… Quitte, malheureusement, à y obérer l’avenir. On va se réveiller avec une grosse gueule de bois et le bulleteint brouillé …
La question s’avère d’autant plus critique que parler ensuite de réconciliation nationale restera vain si ce premier pas vertueux vers la responsabilité des acteurs et l’honnêteté du scrutin n’est pas correctement caractérisé. La réconciliation nationale sera avant tout une opération de Vérité. Faute d’initiatives du pouvoir vers plus de sincérité et plus de transparence, comment ne pas laisser s’installer le sentiment d’une impunité qui serait consacrée, en particulier, par un futur acte d’amnistie ? Sans un échantillon immédiatement satisfaisant d’exercice de la démocratie, il sera difficile de faire confiance à la moindre institution qui se prétendrait responsable de la vérité et de l’amnistie.
Doit-on se résoudre à 20 ans de transition de plus ?
21 Novembre 2012


Mailoux2
23 novembre 2012
« L’enjeu véritable devrait être de … faire parler sincèrement et de manière apaisée toutes les sensibilités »
Voilà, tout est dit, Ainsi soit-il ! Amen !
Plus sérieusement, les « zanak’i Dad’ et les « Ni-ni-istes (j’ai cru lire les « nihilistes », quoi que …)vont être les dindons de la farce de cette histoire.
Le peuple exténué par ces 4 années de synarchie, veut à tout prix tourner la page, et pour lui, quels que soient les oligarques issus de ces pseudo-élections, cela permettra au moins de déverouiller le robinet des aides internationales, et c’est toujours mieux que la disette actuelle.
Pour le petit peuple, le raisonnement est simpl(ist)e et la consigne est : Il vaut mieux élire ceux qui semblent jouir de l’appui des puissances étrangères, fussent-ils des mercantis déjà en place, car mettre au pouvoir des néophytes c’est permette à ces derniers de se remplir les poches, avant de se soucier du peuple qui les a élu !
Par ailleurs, l’avatar de la « Très Grande Vacuité » procède activement au « maillage » du territoire, et s’en va acheter le vote des chefferies et dignitaires régionaux, voir par exemple l’article de Midi Madagascar du 22 nov 2012, sur les promesses du « Président Haï, Abhorré, Traitre », à l’endroit du géniteur du Lt-Col Charles Randrianasoavina …
Enfin, comme c’est la mère patrie de nos ancêtres les gaulois qui assure l’organisation, la suprevision, qui fournit le matériel et le logiciel de ces soit-disnat élections, à n’en pas douter, c’est effectivement à 20 ans de transition de plus que doit se résoudre le citoyen lambda de la grande île !
Colossale rétrogression, incommensurable décadence !
RABETAFIKA
23 novembre 2012
Ces fameuses élections que tout le monde appelle de ses vœux, telles qu’elles seront organisées sur la base de la nouvelle Constitution taillée à la mesure des besoins des juristes manipulateurs de la HAT, au profit – naturellement – du Président de la HAT, ne seront que qu’une mascarade de consultation populaire sans l’application à 100 % de la feuille de route et sans le contrôle strict de la Communauté Internationale.
Rappelez-vous, il y a eu des précédents retentissants, du temps de Didier Ratsiraka, par exemple, lors de l’élection anticipée du 12 mars 1989.
Une loi portant révision de la Constitution du 31 décembre 1975 fut votée en catimini 3 mois avant la tenue de cette élection. Elle a rajouté un 3ème alinéa à l’article 47 de cette dernière, rédigé comme suit :
« Toutefois, s’il estime que l’intérêt supérieur de la Nation l’exige, le Président de la République, après avis du CSR et du Gouvernement réunis, peut décider de mettre fin à son mandat avant son terme constitutionnel, auquel cas la HCC donne acte au Président de la République de sa décision et constate qu’il y a lieu de procéder à l’application de l’article 49 », c’est-à-dire l’organisation d’une élection présidentielle anticipée.
Didier Ratsiraka a mis en application le nouveau dispositif constitutionnel, sous le prétexte, certes juridique, mais fallacieux « d’intérêt supérieur de la Nation », prenant ainsi de vitesse tous ceux qui auraient pu s’opposer à lui dans le timing normal des élections de l’époque. Et s’il fut réélu avec 62 % des voies, ça ne l’a pas empêché de tomber 2 ans après avec le carnage d’Iavoloha du mois d’août 1991…
Tant qu’on continuera à manipuler les textes de loi, à les tailler à la mesure des besoins de ceux qui les élaborent, en particulier pour gagner une élection à tout prix, tant que les politiques n’admettront pas que ce n’est pas ainsi qu’ils assureront la légitimité et la pérennité de leur pouvoir, notre pays continuera de subir cycliquement les soubresauts des mouvements de la rue, avec des violences de plus en plus graves et incontrôlables contre les biens et les personnes.
Il est plus que temps et urgent qu’ils sachent tirer de (bonnes) leçons des (mauvaises) expériences et pratiques condamnables de leurs prédécesseurs. A défaut, l’histoire continuera, malheureusement, d’être un éternel recommencement …
Mailoux2
23 novembre 2012
@ RABETAFIKA,
« ne seront que qu’une mascarade de consultation populaire sans l’application à 100 % de la feuille de route et sans le contrôle strict de la Communauté Internationale ».
Soit, mais en l’état actuel de la situation, qui est en mesure de faire appliquer à la lettre cette feuille de route; et la communauté internationale en l’occurence, semble réduite à sa portion « congrue », à savoir la France et ses suppôts d’Afrique, de l’océan indien, et de la francophonie.
Certes Didier est tombé 2 ans après, mais ne serait-ce qu’une semaine de plus, c’est déjà trop pour le peuple qui n’a que trop souffert sous le règne de ce Tena Gasy Vendrana.
Et s’il faut attendre « qu’ils sachent tirer de (bonnes) leçons des (mauvaises) expériences et pratiques condamnables de leurs prédécesseurs », il s’écoulera beaucoup d’eau sous le pont, ou alors les poules finiront par se voir pousser des dents !
Et le peuple malgache semble s’être résigné à accepter la situation actuelle comme étant les prémices de celle d’après les élections. Il n’est animé d’aucun début de commencement de velléité de changement ou de révolte, et aucun « leader » n’émerge pour l’exhoreter dans ce sens !
Les espoirs d’il y a quelque temps, pas si lointain, semblent tous occupés à se disputer par anticipation le partage du « gateau ».
Le peuple est litéralement ce que les anciens ont assimilés au « tain’omby natsentsina lava-bary, koa indroa mahita ny amizina » (bouze de vache servant à jointoyer les murs du grenier, par deux fois elle est plongée dans les ténèbres » !
Que peuvent suggérer les pécialistes de la chose politique et des affaires de droit ?
pitchboule
24 novembre 2012
On ne peut malheureusement qu’émettre un voeu pieux.
Mais il faut aussi le dire, pour tenter de rappeler à ces gugusses, qui ne pensent qu’au pouvoir avant de penser à leur devoir, quelle est leur responsabilité dans le délitement du tissu social.
Mailoux2
23 novembre 2012
ERRATA
– Occurrence (deux « r »)
– exhorter (sans « e »)
– gâteau (acent circonflexe)
– littéralement (deux « t »)
– maizina # amizina
– spécialistes # pécialistes
mea culpa !
Marc Harmelle
24 novembre 2012
Observateur étranger .
A mon sens Il ne peut maintenant y avoir pour mada qu’une issue : celle inaliénable de l’intelligence ;
Je pense qu’encore une fois une petite minorité (1 % ???) doit prendre la responsabilité de pousser a la magistrature suprême un leader ; Mais nous parlons ici d’intelligences ! Ce candidat ne doit être la que pour apporter des arbitrages et synthétiser les travaux du gouvernement . Gouvernement composé tant de Pro X que de pro Y .que de pro Madagascar !.Le temps des roitelets schizoïdes est fini !
Seules contraintes de cette équipe; justifier de compétences , justifier de casier judiciaire vierge , justifier de son désir de travailler pas de s’enrichir !
Quels seraient alors les principaux problèmes ? Jalousies , rancœurs ,,tentative de blocages de ceux qui n’auraient pas été élu dans ce staff ? Et alors ? De partout cela s’appelle de l’opposition et morcelé cela s’appelle des jérémiades !.
L’aide revient , les états des lieux , les bilans sont faits , les compétences tirent des lignes directrices , le pays sort de l’ornière lentement mais bouge….;cinq ans , dix ans pour complètement stabiliser l’affaire nourrir et éduquer les populations ? Et alors ? Au moins il y a mouvement et objectif !
Oui oui oui on peut rêver 🙂 imagination , intelligence , compétences se doivent de prendre les commandes !
Rabeony
24 novembre 2012
On ne peut s’en remettre au sens des responsabilités des uns et des autres. Le mal est trop profond. Les élections, bien que nécessaires ne suffiront pas. Les germes des crises à venir sont encore là (pauvreté, inégalités, sous-administration et autres inadéquations institutionnelles,…). Les pressions d’une économie ouverte non maîtrisée en décupleront les conséquences. Comment maintenir une stabilité politique durable quand des enjeux mondiaux comme l’accès aux matières premières agitent le monde? Les problématiques de l’accaparement des terres et des ressources minérales sont maintenant des données à intégrer dans nos analyses de la politique interne car influant sur les jeux des politiques malgaches et accentuant les fragilités de nos déséquilibres. L’évitement des crises me semble ainsi un faux problème car nous sommes condamnés à vivre avec les crises répétitives du moins pour une ou deux générations. Les solutions qu’il faut chercher seraient plutôt dans la maîtrise des crise socio-politiques. Comment faire en sorte qu’une crise politique ne s’aventure vers des chemins de désastre comme actuellement? Que-ce qui serait passé en 2009 si la constitution nous avait prévu une institution de transition en cas de crise politique grave ? Cette institution de transition que ne pouvait incarner le Sénat car trop partisan, serait la quintessence de l’Etat dans ce qu’il a de permanent hors vicissitudes politiques. Je parle des hauts commis de l’Etat (administration, magistrature, forces armées). Avec des pouvoirs limités dans les compétences et dans le temps, l’institutionnalisation d’une autorité de transition est une piste qu’il faudrait creuser pour affronter les crises qui viennent.
pitchboule
24 novembre 2012
« On ne peut s’en remettre au sens des responsabilités des uns et des autres » …
Il ne s’agit pas de chercher à éviter les crises, il s’agit, idéalement, d’éduquer les gens à certains principes essentiels.
Rabeony
25 novembre 2012
« Idéalement, éduquer les gens à certains principes essentiels ». Certainement mais réaliser aussi que éducation est oeuvre du temps. Quels pare-feux dresser pour qu’on ait ce temps?
RABETAFIKA
25 novembre 2012
Voeu peux dominical … « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » (Charles le Téméraire)
RAHA …
Raha hitanao rava ireo natsanganao rehetra
Nefa ianao tsy mitaraina fa milofo kosa hanarina
Na koa very poa toy izay ny harem-be tsisy fetra
Nefa tsy nasianao sento na fihetsika mamarina
Raha hainao ny mitia nefa tsy very sy milentika
Raha hainao ny ho mafy saingy halefaka fanahy
Na koa ankahalaina ka tsy valifaty hitetika
Saingy hiady hiaro tena tsy mba misy ahiahy
Raha hainao ny mizaka ny handre ’reo teninao
Naolan’ireo fositra handranitany ny adala
Sy handre ireo sotasota tantarainy momba anao
Nefa ianao tsy handainga na dia teny iray aza
Raha hainao ny mihaja sy mamy hoditra an-tanàna
Raha hainao olon-tsotra ny hanolo-tsaina ny Mpanjaka
Sy hitia ireo sakaiza ho lasa iray tam-po malala
Ka tsy hiangatra ianao ka hanao toetra tsy zaka
Raha hainao ny misaina, mandinika sy mamantatra
Saingy kosa tsy ho kivy na sanatria handrava efa
Hanonofy fa tsy andevon’ireo nofy tena fatratra
Hisaina hatrany saingy koa hanan-karazana traikefa
Raha hainao ny ho hentitra nefa kosa tsy hisafoaka
Raha hainao ny hoe sahy nefa atao am-piheverana
Raha hainao ny tsara fanahy, ka fahendrena no miloaka
Tsy hananatrana-poana na hiebo hoe avo toerana
Raha tojo anao ny Fandresena dimbin’ny Faharesena
Ka tsy nihontsina ianao raha nofitahin’izy ireo
Raha hainao ny manovo herim-po ka tsy mivena
Nefa ireo hafa ankoatra anao lasa adala, mitoreo
Dia ireo Mpanjaka, Andriamanitra, Vintana sy Fandresena
Ho doria, tsy misy fetra, izy ireo dia homba anao
Fa soa noho ny Voninahitra sy ny Satro-bolamena…
Etsy anie ry sombinaiko : ho Olom-banona ianao !
Traduction de Antso – août 2011, inspirée de « If… » de Rudyard KIPLING et de « Tu seras un homme, mon fils » de André Maurois
pitchboule
25 novembre 2012
Merci Roger … Elle est toujours aussi belle cette traduction …
à Rabeony à propos du « Certainement mais réaliser aussi que éducation est oeuvre du temps. Quels pare-feux dresser pour qu’on ait ce temps? » …
On n’en a aucun immédiatement… C’est une course contre la montre que l’on sait devoir engager ..en espérant la gagner un jour …
rabeony
26 novembre 2012
Mais déjà s’engager à refléchir à des institutions fortes qui nous préservent des hommes forts..
Mailoux2
25 novembre 2012
Ha ben didon … !
Autant je connaissais bien le texte en langue étrangère, autant cette traduction en langue malgache (et quelle tradition mon dieu ! …) est une découverte pour mézigue …
D’où l’utilité, la nécessité, de frequenter les esprits éclairés …
Merci Rabetafika, je m’endormirai ce soir moins idiot …
RABETAFIKA
26 novembre 2012
Elle est belle notre langue, n’est-ce-pas, Mailoux2 ? Mais quand on a la chance et le bonheur de compter la traductrice parmi ses amis proches, c’est encore « plus mieux » …
Ci-dessous une autre version plus alambiquée de notre Dox national
RAHA …
Raha hatrehinao rava ny asa nahafaty aina
Ka ezahinao arenina tsy asiana sombin-teny
Raha maty loka zato, eo no eo, ka tsy hangaina
Tsy hiraika ianao, tsy hiontsina na hisento akory, eny
Raha vazo ianao kanefa tsy ataom-pitia adala
Rah mahery fo kanefa ho mora fo amin’ny osa
Raha mahita fa ankahalaina, nefa tsy mba hankahala
Sainga hiaro tena kosa
Raha zakanao ny handre ny teny ataonao
Ovain’ireo ambany saina, handromotana ny adala
Sy handre ny osoka sahin’ny vava-dratsy atao
Nefa ianao tsy handainga na hanao ny lainga ho bala
Raha mahay mihaja ianao nefa ataom-bahoaka hihosenany
Ary hainao ny ho vahoaka rehefa hanoro ny mpanjaka
Raha mahay mitia ny sakaiza ho tena rahalahy tenany
Ka handray azy ireo tsy amim-pihangarana
Raha hainao ny mandalina, mandinika sy mahalala
Kanefa ianao tsy ho mpisalasala na ho mpandrodana
Manonofy kanefa tsy ho ny nofy no hahadala
Misaina ka hitoetra ho mpisaina fotsiny amin’izao
Raha hainao ny ho henjana nefa tsy ho am-pirehetana
Hanam-pahatsorana kanefa ho mailo hatrany
Raha hainao ny ho mora fo sy ny hanam-pahendrena
Ho mpananatra kanefa tsy misaina ho be saina
Raha tojo fandresena aorian’ny faharesena
Ka tsy nisy nahasarika ny sainao avy izany
Mihazona ny herim-po, herin-tsaina tsy terena
Ny rehetra very hevitra, very saina loza an-tany
Dia indro ny mpanjaka, ny ivavahana, ny vintana, ny fandresena
Ho indray ho anao hatreo
Ary mihotra noho ireo, ny halaza dia ny ekena
FA LEHILAHY ianao izao
IF …R. Kipling – Dikan-tenin’ i Dox (Jean Verdi Salomon RAZAKANDRAINA) –
Mailoux2
27 novembre 2012
« le bonheur de compter la traductrice parmi ses amis proches » …
– Chance inouïe ! …
En effet, la civilisation malgache n’a pas d’écrits qui datent depuis des siècles et c’est une civilisation « orale »; la langue en est l’un des vecteurs et courroie de transmission à travers les générations; elle a eu au fil du temps, la possibilté de se completer, de s’enrichir, de s’embelir, dieu merci, et la postérité saura gré à tous ceux, celles qui l’étudient, la préservent, la chérissent, la propagent … Merci à vous, à votre proche « traductrice », et à tou(te)s vos amis(e)s des choses de la culture et des belles lettres « lova sy nentim-paharazana » !
Je ne veux pas céer un aparté dans ces échanges sur l’avenir proche de la patrie, (pardon Pitchboule et pardon aux participants de ce forum), mais ces digressions autour de notre langue constituent aussi de mon point de vue, une preuve de notre attachement au « tanindrazana » et un stimulant pour le sentiment de patriotisme, notamment pour quelqu’un qui n’a plus eu l’occasion de pratiquer au quotidien le malgache depuis des lustres (excusez moi de parler de mon insignifiante personne).
« La culture c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre » (Milan Kundera)
La culture ce n’est pas ce qui reste quand on a tout oublié, mais au contraire ce qui reste à connaître quand on ne vous a rien enseigné » (Jean Vilar)
Merci mesdames, messieurs les contributeurs, de m’en apprendre un peu plus chaque fois !
Parole
7 mars 2013
Je relis ce post de novembre et, comme tout le monde, je constate que le NINI n’a pas changé grand chose à la situation, sauf peut-être quelques illusions en moins…Mais tant pis, il faut en passer par des élections, même si elles ne produisent pas l’effet escompté : apaisement, progrès (??). La route est longue et la vie continue…